VTC : les raisons de la désillusion d’une partie des chauffeurs
Par Lionel Steinmann
Si le prix des courses cristallise les revendications, les charges, notamment en cas de location d’un véhicule, pèsent sur les revenus.
Plus de 20.000 chauffeurs travaillent pour les plates-formes VTC. Mais pour des milliers d’entre eux, le projet initial vanté par Uber et ses homologues français (devenir son propre patron, au volant d’une berline de luxe) a engendré de sévères désillusions.
La démocratisation du service, vendu à à l’origine comme haut de gamme, et la concurrence croissante entre plates-formes de réservation, ont poussé les tarifs à la baisse. Uber a baissé les siens de 20 % en octobre 2015, ce qui avait déjà à l’époque suscité des remous dans le secteur. Mais les « frais de services » prélevés sur chaque course restaient eux de 20 %, comme le font la majorité des acteurs du secteurs
Nouvelle tarification
A l’époque, Uber avait assuré que la croissance du nombre de clients permettrait d’augmenter au final les revenus. Il y a quelques jours, la start-up a toutefois rehaussé ses tarifs de 10 % à 15 % … tout en passant sa commission à 25 %, cette dernière mesure ayant été appliquée partout dans le monde.
Au total, les revenus de chauffeurs ont « d’ores et déjà augmenté d’environ 5 % » affirme Uber. Mais cette mesure a plutôt accru leur mécontentement. Car l’algorithme horo-kilométrique de la nouvelle tarification donne plus d’importance à la durée de la course qu’au kilométrage parcouru.
LES DISCUSSIONS ENTRE UBER ET VTC REPRENDRONT MARDI
Les chauffeurs de VTC et Uber avaient rendez-vous ce lundi au ministère des Transports. Après une première suspension puis une nouvelle reprise des discussions entre chauffeurs de VTC et la plateforme, le ministère a annoncé que la réunion était à nouveau suspendue. Elle reprendra mardi à 14h.
Résultat, dans le nouveau système, le revenu net des courses vers ou depuis les aéroports parisiens, les plus recherchées par les chauffeurs, est en baisse. « Il est passé de 36 à 33,75 euros », explique Mamadou Diaby, chauffeur adhérent à la CFDT. Une évolution qui passe d’autant moins bien que les chauffeurs n’ont pas l’assurance, lorsqu’ils font une course vers Roissy ou Orly, de pouvoir prendre un client pour le retour vers Paris, ce qui amortirait leurs frais. Autre grief : même si ils sont qualifiés de « partenaires », ils n’ont pas le sentiment d’être écoutés.
Détournement de la réglementation
Mais ils doivent dans le même temps assumer les charges inhérentes à leur statut d’indépendant (la protection sociale notamment, ainsi que la TVA), et surtout, celles liées à leur activité. Pour ceux qui n’ont pas eu les moyens d’investir, la location d’une voiture entrant dans la catégorie de VTC « coûte au minimum 1.200 euros par mois », avance Mamadou Diaby. Auxquels il faut ajouter deux pleins et demi par semaine.
Les situations sont très diverses. Selon un récent rapport du Boston Consulting Group , les deux-tiers des chauffeurs sont en réalité des salariés, un détournement de la réglementation en passe d’être supprimé par une nouvelle loi . Mais les chauffeurs indépendants en situation de précarité, pris en étau entre ces charges et des revenus qui patinent malgré des horaires à rallonge, ne sont pas rares. Uber concentre les mécontentements, mais les organisations de chauffeurs n’ont guère une meilleure opinion des autres plates-formes.
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