INTERVIEW Joël Hazan, directeur associé au BCG explique en quoi le secteur des VTC pourrait créer 80.000 emplois de chauffeurs à terme.
Alors que la proposition de loi Grandguillaume, qui vise à « pacifier » les relations entre taxis et véhicule de transport avec chauffeur (VTC) passe en commission mixte paritaire la semaine prochaine, une étude du BCG, commandée par la plateforme Uber, estime que le marché de transport de personnes pourrait peser entre 1,5 milliard et 3,9 milliards d’euros dans six ans et créer 80.000 emplois de chauffeurs professionnels. Interview de Joël Hazan, directeur associé au Boston Consulting Group, co- auteur avec Sylvain Duranton d’une étude sur la filière des VTC.
Votre étude donne un éclairage plus favorable aux plates-formes des VTC que certaines analyses publiées précédemment, notamment sur la croissance du marché et le phénomène de substitution avec les taxis. Pourquoi?
Il y a une croissance globale du marché de la mobilité depuis 2000, de l’ordre de 4% par an. Mais avec l’augmentation de l’offre de VTC depuis 2013, celle-ci est passée à près de 10% en Ile-de-France. Si on note il est vrai une baisse de l’ordre de 5% par an en moyenne depuis trois ans pour les taxis, le marché global est en hausse. Il représente déjà 800 millions d’euros en France dont 90% dans la seule Ile-de-France.
Quel est l’impact en termes d’emplois du marché des VTC et de quels types d’emplois s’agit-il?
Le secteur des VTC a permis de créer 22.000 emplois en Ile-de-France et dans les grandes agglomérations françaises (contre 40.000 chauffeurs de taxis). La moitié de ces chauffeurs étaient sans activité auparavant et un tiers de ces derniers avait connu des situations de discrimination professionnelle liées à leurs lieux d’habitation notamment. La plupart des chauffeurs sont des travailleurs indépendants qui gagnent entre 1.400 et 1.500 euros net par mois et travaillent en moyenne 50 heures par semaine. Cela peut paraître peu, mais c’est mieux, par exemple, que les 1.300 euros mensuels gagnés en moyenne dans le secteur des services à la personne.
Ce secteur n’a-t-il toutefois pas besoin d’un cadre règlementaire plus précis comme celui que vise à établir le projet de loi en cours de discussion ?
Il faut évidemment un cadre, et notamment une meilleure protection des chauffeurs indépendants. Tout l’enjeu de la loi est de définir le rythme de croissance du secteur et la manière de rapprocher les statuts des chauffeurs de taxis et de VTC. La France et notamment Paris avec 5 chauffeurs de taxi ou de VTC pour 1.000 habitants reste encore très loin des ratios de New-York ou de Londres, compris entre 12 et 17 pour 1.000 habitants.
Pour en savoir plus: http://www.challenges.fr/entreprise/transports/les-vtc-un-jackpot-pour-la-creation-d-emplois-en-france_439700